El resurgimiento católico en la literatura europea moderna (1890-1945)

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«La question juive» (revue Esprit)

esprit

Número de la revista Esprit en el que apareció este texto

 

Editorial de la revista Esprit: «La question juive» (1933)

(Esprit, 1 de mayo de 1933. En Esprit, 1er Année, tome II, Avril-Septembre 1933, pp. 153-154)

 

On ne persécute plus les israélites et leur foi. Par contre, l’hostilité contre le peuple juif s’est réveillée et exacerbée. Les événements allemands, un quart de siècle après l’affaire Dreyfus, la haine dont un  Léon Daudet poursuit encore la mémoire du “ traître ”, les improvisations infamantes d’un Coty au cours de ces derniers mois, la puissance des groupements antisémites dans plusieurs pays de l’Europe centrale, tout prouve que les actes du gouvernement hitlérien sont bien la manifestation, particulièrement violente et odieuse, d’un état d’esprit commun aux nationalistes de toutes les pays.

Scientifiquement fausse, professée par les nazis set les fascistes italiens, comme elle est à la source des doctrines de l’Action française, l’idée raciale dresse touts ses adeptes contre les juifs, éléments “ inassimilables ”, sang éternellement étranger, traîtres prédestinés. Si la droite française a manifesté une si active indignation contre le boycottage des juifs allemands et les brutalités dont certains ont été victimes, c’est qu’elle y a trouvé une occasion d’atteindre l’Allemagne et d’amplifier le mouvement international de réprobation qui s’’est déclenché contre elle. Qu’on n’y voie pas un réveil d’humanité inattendu ni un surprenant élan de sympathie, mais un pur calcul politique. L’Action française n’a pas renié un jour les enseignements de Drumond.

Le conflit entre certaines nations et les juifs, considérés comme un peuple et une unité culturels, est un fait. Plus ou moins brutal, il ne s’apaise jamais dans l’ensemble du monde. Partout, éternellement, le juif est réprouvé sauf quand le poids de son or l’assied solidement au milieu des puissants. Il a pris conscience de cette fatalité ; il sait que le monde moderne ne l’épargnera pas plus que le Moyen-Age. Il ne suffit plus qu’un certain nombre d’hommes, dont nous sommes, proclament l’égale dignité de tous les hommes, s’indignent contre le verdict de Scottborough ou contre les bâtonnades de Berlin. Il faut donner au peuple juif les garanties spéciales qu’on le contraint de réclamer.

Nous avons demandé à l’un des siens d’exposer ici la thèse d’un homme qui a conscience non seulement des intérêts du peuple juif, mais de sa mission spirituelle. Un chrétien y ajoute une protestation que le monde chrétien a fait trop longtemps attendre. Indiquons rapidement nos propres positions.

Le sionisme est une solution que nous ne pouvons accepter. La Palestine est un pays arabe ; les lettres utilisées par une culture proprement dite comme les terres dites incultes et les terres utilisées par l’élevage appartiennent aux Arabes ; on peut envisager un rendement supérieur de ces terres, mais les mesures qui seraient alors à prendre ne peuvent légitimement être prises que par un état arabe ; la première question que se pose est de liquider le mandat britannique ; on ne peut songer à mutiler le futur état arabe au profit d’un état artificiellement crée par importation. D’une manière plus générale on n’a le droit de créer en aucun point du globe une nationalité qui n’est pas ou qui n’est plus liée à ce coin de terre, car ce coin de terre a toujours, si déshérité qu’il soit, son occupant qui est seul ayant droit. L’état juif serait d’ailleurs un état très particulier il ccmprendrait une petite minorité de ressortissants habitant dans le pays juif et une grosse majorité habitant à l’étrander et protégés dans chaque pays par les lois qui protègent les étrangers mais beaucoup de pays contingentent le nombre des étrangers qu’ils admettent au bénéfice de ces lois ce contingentement est fixé isolément par chaque état et laisse les étrangers dans une situation toujours précaire la création d’un état juif dont les possibilités d’absorption seront toujours limitées ne suffit donc pas à résoudre le problème. La solution essentielle est dans la promulgation d’un statut international des Juifs.

Le statut international que nous préconisons devra reconnaître la patrie juive dans sa nature spéciale de patrie sans territoire. Il devra faire aux juifs une place assurée dans chaque état des organisations autonomes dans chaque état, exiger d’eux un loyalisme rigoureux envers l’état où ils résideront. Et c’est devant un organisme international, tribunal ou superétat, que gouvernements nationaux et organisations juives auront à répondre de la manière dont ils rempliront leurs obligations réciproques. De cette manière les Juifs retrouveront normalement le sentiment de leur patrie et des garanties qui lui sont dues, et ne cèderont pas à un nationalisme factice contraire aux intérêts d’autrui et à leurs intérêts propres.

Précisons enfin que si nous élevons ici une protestation contre le pogrom scientifique en Allemagne hitlérienne, nous ne perdons pas de vue qu’il n’est qu’un cas particulier d’un régime inacceptable d’oppression spirituelle, contre lequel nous ne cesserons de protester, parce qu’il n’est pas l’affaire intérieure d’un pays mais un danger public couru aujourd’hui par l’humanité entière. Les juifs ont été boycottés – les banquiers excepté nous signale-t-on, et il va de soi. Les sociaux-démocrates et les communistes en ont connu de plus rudes : 60 coups de matraque pour les premiers, 80 pour les seconds, c’est le tarif. Nous avons vu renaître la chambre de torture, brûler les bibliothèques ; nous assistons à une nouvelle et foudroyante invasion de la tyrannie de l’État, et de la barbarie toute proche de l’homme civilisé, si proche qu’elle semble le gagner comme un feu. Si quelques-uns de nos jeunes gens sont tentés par l’aventure de la brutalité, qu’ils sachent au moins quelles forces ils trouveront en travers de leur route. Il est temps de les organiser.


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